Des cas particuliers de l’expression de la condition et de l’hypothèse dans le roman d’Albert Camus

                                       PLAN

INTRODUCTION..................................................................................................2-3

Chapitre 1. L’USAGE DES PHRASES HYPOTHETIQUES (ET  DE LA CONDITION) DANS LE ROMAN FRANÇAIS CONTEMPORAIN.................4-5

1.1. Les particularités de l’introduction de la condition et de l’hypothèse dans une phrase...........................................................................................................4-5

   1.2. L’hypothèse et la condition dans une phrase simple et dans une phrase complèxe : des subordonnées................................................................................5-6

1.3. L’analyse des procédés de l’expression de l’hypothèse dans une phrase d’après l’étude d’Alexandre Lorian....................................................................7-9

Chapitre 2. LA CONDITION ET L’HYPOTHESE EXPRIMEES PAR SI......10-16

Chapitre 3. L’ANALYSE DES PROCEDES HYPOTHETIQUES AU PRESENT, A L’AVENIR ET AU PASSE...........................................................................17-18

Chapitre 4. AUTRES PROCEDES POUR EXPRIMER LA CONDITION ET L’HYPOTHESE......................................................................................................19

  4.1. Locutions conjonctives...................................................................................19

  4.2. Les propositions indépendantes......................................................................20

  4.3. Système sans subordination formelle........................................................21-22

  4.4. Des cas particuliers de l’expression de la condition et de l’hypothèse dans le roman d’Albert Camus.......................................................................................22-24

CONCLUSION.......................................................................................................25

РЕЗЮМЕ………………………………………………………………………....27

BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………..28 
 
 
 
 

                                     INTRODUCTION

       Le décodage de texte cherche à définir la relation entre les moyens de l’expression et ce qui est exprimé - le contenu. L’expressivité est créée par le choix de signes linguistiques et le mode de leur emploi de leur combinaison. Grâce aux moyens grammaticaux on peut exprimer n’importe quel sentiment.

      Dans ce travail on touche les procédés de l’expression de la condition et de l’hypothèse dans le français contemporain.

     L’œvre artistique est caractérisée par lexpressivité contrairement à l’œvre scientifique, objective par excellence.La langue française est une des langues les plus expressives en comparaison avec d’autres langues romanes.

     Comme cette recherche a été abordée en systématisant de differentes branches de la linguistique cela prouve l’actualité de cette étude par l’organisation de nouvelle compréhension.

      Quand on parle de soit de l’ hypothèse soit de la condition on n’est pas dans le domaine de la réalité ; mais dans celui de ce qu'on suppose, de ce qui est peut-être vrai mais pas sûrement, dans le domaine en somme de l'imaginaire (au moins pour une part), en tout cas de la pensée “raisonnante”.

      L’objet d’étude de ce travail est d’analyser des principes de base et de montrer comment fonctionne pour l’expression de la condition de l’hypothèse le passage du niveau sémantique aux constructions syntaxiques mais aussi en leur emploi dans le roman français contemporain « L’Étranger » d’Albert Camus.

      Le sujet d’étude est un lien de differents domaines linguistiques du français dans le cadre de l’expression de la condition et de l’hypothèse.

      Le but de cette étude consiste en recherche implique de l’observation d’exprimer la condition et l’hypothèse et en analyse ces procédés de l’expressivité dans le roman français moderne « L’Étranger » d’Albert Camus.

Les taches qu’on met dans cette étude sont:

  • définir les procédés de l’expression de l’hypothèse et de la condition utilisées dans le roman « L’Etranger » d’Albert Camus.
  • trouver les tendances essentielles de l’usage de ces procédés.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

    

Chapitre 1. L’USAGE DES PHRASES HYPOTHETIQUES (ET  DE LA CONDITION) DANS LE ROMAN FRANÇAIS CONTEMPORAIN.

       1.1. Les particularités de l’introduction de la condition et de l’hypothèse dans une phrase.

      Quand on parle de soit de l’ hypothèse soit de la condition on n’est pas dans le domaine de la réalité ; mais dans celui de ce qu'on suppose, de ce qui est peut-être vrai mais pas sûrement, dans le domaine en somme de l'imaginaire (au moins pour une part), en tout cas de la pensée “raisonnante”. On essaie d’envisager cette question sur quelques exemples d’un roman moderne : « Je ne sais pas l'heure parce ma montre est en panne » (en gras : subordonnée de cause). [10 ; 145]

    La raison pour laquelle j'ignore l'heure est bien réelle, maintenant, au moment où je parle : ma montre est en panne. Je ne sais pas l'heure quand ma montre est en panne  (en gras : subordonnée de temps). « J'ignore l'heure quand, dans la réalité, ma montre est en panne ; elle l'est de temps en temps.  Je ne sais pas l'heure si ma montre est en panne « (en gras : subordonnée de condition ou d'hypothèse). « Quand j'imagine ma montre en panne, j'imagine que je ne peux plus savoir l'heure ; il n'est pas dit que ma montre sera ou non en panne un jour ».

        On ne se préoccupera pas de la distinction entre hypothèse et condition dans le cadre de cette fiche, même s'il est entendu que ne sont pas assimilables des expressions telles que : «Si l'amour était universel, les hommes résoudraient la plupart de leurs problèmes.» [10; 134]

       Il faut noter qu’une phrase où se trouve une condition comporte deux parties principales : ces deux parties (entre lesquelles existe une relation logique) sont :

une hypothèse (ou condition) la conséquence qu'on envisage pour cette hypothèse (ou condition) [8 ;200].

       L'influence de l'hypothèse (de la condition) sur la conséquence qu'on en envisage touche principalement au mode employé dans l'expression de cette conséquence. L'hypothèse peut être envisagée comme : très réalisable dans le passé, le présent ou le futur peu probable, mais non totalement irréalisable (présent ou futur) irréalisable (présent ou futur) ou non réalisée (passée). [14;219] 
 

1.2. L’hypothèse et la condition dans une phrase simple et dans une phrase complèxe : des subordonnées.

    Une phrase est dite « hypothétique » lorsqu’un de ses éléments exprime une supposition qui est généralement aussi la condition d’un fait qui suit. Cet élément, la donnée d’hypothèse, et son corollaire peuvent être énoncés sous des formes diverses, allant de systèmes complexes (principale-subordonnée, indépendantes coordonnées, etc) au sumple mot : « Venir, moi ? j´en serais bien f âché ». [10 ; 176]

Le type le plus courant d´expression d´une hypothèse est un système comportant deux propositions, l´une subordonnée, énonçant la supposition, l´autre principale, donnant le résultat de la supposition : « Si le monde était clair, l´art ne serait pas » [10 ;137].

     Il peut y avoir entre les deux éléments un rapport d´effet à cause, la subordonnée énonçant la condition nécessaire pour que se réalise la principale, qui exprime ainsi une sorte de conséquence : « Si je m´y soumets par amitié pour lui, bientôt l´on me proposera quelque chose de tout à fait impossible » [10;188].

     La proposition subordonnée peut n´exprimer qu´une éventualité offrant plus ou moins de chances de réalisation, et la principale, dans ce cas, exprime simplement un fait parallèle ou opposé à celui de la subordonnée :«  S´il a un peu d´amour pour moi hélas il s´en guérira » [10;173].

     De plus, selon les modes et les temps employés dans chaque élément, selon le contexte aussi, le sens peut varier de l´hypothèse réalisable à l´hypothèse irréalisable, en passant, par tous les degrés, du plus vraisemblable au moins vraisemblable, et par toutes les nuances de l´expression affective.

  Beaucoup de grammairiens se sont efforcés de faire entrer le système hypothétique français dans les cadres du système latin : POTENTIEL, IRREEL DU PRESENT, IRREL DU PASSE [7 ;191].

     Le potentiel exprime alors une éventualité pouvant se réaliser dans l´avenir l´irréel du présent une éventualité qui n´est pas réalisable actuellement, l´irréel du passé une éventualité qui a été réalisable, mais non réalisée.

     Un tel classement soulève des difficultés, en particulier du fait qu’il n’y a pas forcément, en français, une forme spéciale attachée à chaque valeur.

      Ainsi, une phrase du type : « si j’avais de l’argent, je serais heureux », se trouvera étudiée au moins dans deux rubriques différentes : le POTENTIEL et l’IRREEL DE PRESENT.

      En fait, dans le système français, les différences de sens sont exprimées non par les formes verbales seules, mais souvent par des moyens extrasyntaxiques (des adverbes en particulier, ou encore le ton) : « Si vous veniez demain, je serais heureux ( potentiel) » [10;176].

     Nous établirons donc un classement à partir d’une répartition des structures, soit un répertoire des phrases types de la langue courante et de leurs variantes. Nous introduirons cependant deux grandes divisions ligiques, en distinguant les systèmes à valeur réellement hypothétique des systèmes à forme hypothétique et à valeur non hypothétique.

     Cette conjonction permet l'expression la plus claire des différentes nuances hypothétiques.

    La condition ou la supposition sert à noter un fait nécessaire à la réalisation ou la non-réalisation d'un autre fait à venir. Donc le fait qu'elle note est une circonstance qui a des conséquences. La condition est une forme de cause, mais l'enchaînement de la cause et de l'effet demeure virtuel, imaginaire : la réalité peut être modifiée. 
 

1.3. L’analyse des procédés de l’expression de l’hypothèse dans une phrase d’après l’étude d’Alexandre Lorian.

    Les expressions de l’hypotèse c’est le sujet d’étude de plusieurs savants parmi lesquels il faut  souligner le travail d’Alexandre Lorian.

      L'auteur nous avertit que son ouvrage n'est pas une suite à la grande thèse de M. R-.L. Wagner, es phrases hypothétiques commençant par « si » dans la langue française, des origines à la fin de XVIe siècle, ce qui déjà justifie le sous-titre : antéposition et postposition. Il se propose seulement d'examiner la place de l'hypothétique par rapport à la proposition principale (ou résultante) afin d'établir la fréquence relative et la raison d'être d'une telle « opposition ». [11]

    Douze textes-témoins qui, pour l'essentiel, définissent un « style de dissertation» lui ont fourni plus de deux mille phrases commençant par si et quand conditionnel et quelque cinq cents cas supplémentaires d'hypothétiques à conjonction zéro, ou introduites par que et sans que, ou encore des comparaisons hypothétiques.

   Le caractère limité de son enquête , sa nature diachronique contestable (quatre siècles de l'histoire du français) n'échappent pas à M. Lorian et il s'en explique : il a voulu arriver à des conclusions d'ordre général, « atteindre, s'ils existent, le régulier et le permanent »; en outre, des sondages pratiqués dans des œuvres de style narratif lui permettront d'esquisser, en appendice, une utile contre-épreuve.

  M. A. Lorian suit un ordre naturel : l'antéposition de la donnée paraissant conforme à la logique, c'est elle qu'il examinera en premier, d'abord dans quelques systèmes de substitution (hypothétiques par coordination et juxtaposition où l'antéposition est la condition nécessaire de l'existence de ces tournures, système prédicatif du type qui (conque) + verbe /verbe, pour lequel la postposition est possible mais peu fréquente), ensuite dans les phrases introduites par si et quand où elle se produit dans deux cas sur trois, soit qu'elle ait un caractère obligatoire soit qu'elle paraisse souhaitable pour des raisons de syntaxe ou de style.

    La postposition offre davantage d'intérêt : elle est beaucoup moins répandue et traduit le plus souvent une volonté d'expressivité que M. A. Lorian soulignera avec beaucoup de précision et de finesse. Le classement des exemples, assez malaisé, fait apparaître quatre catégories :

  • 1° La postposition grammaticale c'est-à-dire imposée par la structure de la phrase (elle exprime généralement une restriction),
  • 2° la postposition restrictive : le contenu de la donnée est présenté comme négligeable ou secondaire, celle-ci ayant une valeur surtout rythmique,
  • 3° la postposition predicative lorsque dans certains énoncés, exprimant un sentiment ou une appréciation affective, la donnée renferme le véritable prédicat,
  • 4° la postposition stylistique proprement dite qui est un élargissement du type précédent et qui se prête particulièrement à des effets de rythme et de mise en valeur d'un mot ou d'une figure. Cette partie de l'ouvrage est la plus riche, les exemples sont nombreux et judicieusement commentés.

            Il faut noter que l’auteur consacre quelques pages au cas particulier de la comparaison hypothétique. Il peut alors établir que la postposition stylistique, entendue au sens large, rend compte de la plupart des cas observés (92 %) et correspond à « deux tendances majeures et contradictoires » : postposition d'un contenu secondaire, restrictif plutôt qu'hypothétique (30 %); postposition d'un contenu de très grande importance logique, stylistique ou phonostylistique (62 %), ces deux types pouvant coexister dans le même texte, à la même page. Sur un plan plus général, une deuxième constatation s'impose : l'anté- position est la règle deux fois sur trois; à cet égard, l'époque du texte-témoin importe beaucoup moins que les « différences de style » entre les auteurs.

        Les réserves que nous avons indiquées n'enlèvent rien aux mérites de ce petit livre dont la clarté, la prudence et la pénétration constituent à nos yeux la meilleure recommandation de lecture. Le travail de ce savant peut être considéré comme un modèle de ce que peut être une étude de syntaxe et de style appliquée à un aspect particulier du système. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Chapitre 2. LA CONDITION ET L’HYPOTHESE EXPRIMEES PAR SI.                      La conjonction de subordination « si » introduit la proposition subordonnée conjonctive (dite proposition subordonnée circonstancielle), complément circonstanciel de condition du verbe « ferais ». [21; 106]

   Les procédés les plus usés dans le roman « L’Étranger » pour exprimer l’hypothèse et la condition sont :

“Si” + INDICATIF:

"Si" introduit une proposition subordonnée (conjonctive ou complétive selon les appellations). "proposition subordonnée conjonctive" est la nature du groupe de mots introduit par "si".

     La proposition subordonnée introduite par "si" introduit un complément circonstanciel de condition du verbe de la proposition dont elle dépend. "complément circonstanciel de condition" est la fonction du groupe de mots introduit par "si".

      "Si" est toujours suivi de l’indicatif. En revanche, le mode du verbe de la phrase principale peut changer. En fonction de ce mode, le temps de l’indicatif utilisé dans la proposition subordonnée introduite par "si" changera !

      Dans la proposition principale, on trouve généralement le présent ou  le futur de lindicatif. La phrase indique purement et simplement ce qui se produira dans un cas donné, actuellement envisageable, ou bien si une condition donnée est ramplie. Au cas où la donnée initiale se réalisera la conséquence se produira :

    1. Probabilité

1.

  Présent

Simultanéité entre la condition et la réalisation

 
 
 
    • Futur
    • Présent (ayant valeur de futur)
    • Impératif
Passé  composé 

Le temps du verbe de la condition doit être « achevé »pour permettre la réalisation 

 
 
 

Ex. : « Si je vais à Londres cet été j’apprendrai l’anglais ». [10 ;148]

« Si j’ai fini avant ce soir je vous rejoindrai ». [10 ;167]

 « Si vous démissionnez, vous compromettrez l’avenir de l’entreprise ». [10 ;190]

       Cette sorte de proposition subordonnée exclus le futur de l’indicatif, sauf exceptions.

L’hypothèse peut se rapporter au présent, au passé ou au futur. 

    1. Eventualité

     Dans la principale on trouve généralement la forme en -rais simple ( ou présent du conditionnel). La phrase indique que l’hypothèse est présentée comme incertaine non actuelle. C’est ce qu’on appelle le potentiel (lorsqu’il y a des chances de réalisation dans l’avenir) ou l’irréel du présent (lorsque l’hypothèse est donnée comme non réalisable dans le présent).

              “Si’  + imparfait   ========>   Conditionnel présent

Ex : « Si j’allais à Londres cet été j’obtiendrais la joie de vie ». 

    1. Condition dans le passé

     Dans la principale on trouve généralement la forme en -rais composée

(ou conditionnel passé). La phrase indique que l’hypothèse aurait pu se réaliser dans le passé, mais ne s’est pas réalisée : c’est l’irréel du pasée. 

« Si » + Plus-que-parfait------> Conditionnel présent (dans ce cas les conséquences  

                                                  de la condition sont actuelles)

                                                  Conditionnel passé (exprime souvent le regret)  Ex :

« Si j’étais allé à Londres cet été j’aurai appris l’anglais ».

« Si tu m’avais écouté tu ne serais pas dans cet état ».

« Si vous aviez démissionné, vous auriez compromis l’avenir de l’entreprise ».

Remarque 1 :

Il existe une 2e forme littéraire du conditionnel passé.

Ex : « Si j’étais allé à Londres j’eusse appris l’anglais ».

    • En général cette  tournure très recherchée est démodée.
 

Remarque 2 :

L’emploi de même si ajoute à l’idée d’hypothèse ou de condition une idée d’opposition.

Ex. : « Même si les portes étaient ouvertes jour et nuit, il y n´aurait pas encore trop d´amateurs ». [10 ;187]

Remarque 3 :

      Il s’agit du phénomène de concordance des temps : lorsqu’il y a un temps utilisé dans la subordonnée ou dans la principale, l’autre élément devra obligatoirement utiliser le temps (ou l’un des temps) et le mode indiqués ici.

      Notons enfin que la proposition subordonnée introduite par "si" peut se déplacer librement dans la phrase.

Cas particuliers

a. double hypothèse :

                                                                                 Présent

Si  + indicatif .....    et que + subjonctif      -

                                                                                  Passé

Ex : « Si tu viens à Grenoble et que tu aies envie de faire du ski jirai avec toi. » []

b. s’il est vrai que + indicatif

Ex. : « S’il est vrai qu’elle ne sait pas tenir sa langue ne lui fais pas de confidences. » [10;169]

    Les structures les plus fréquentes sont les systèmes principale- subordonnée par si, et en particulier les trois systèmes suivants :

1. « Si » + PRESENT DE L’INDICATIF ... INDICATIF FUTUR

« Je suis affublé de cette absurdité. Elle m’écrasera si je ne la soutiens ». [10 ; 149]

2. « Si » + IMPARFAIT DE L’INDICATIF ... CONDITIONNEL PRESENT

« Si le ciel tombait, il y a aurait bien des alouettes de prises ». [10 ;145]

3. « Si » + PLUS-QUE-PARFAIS DE L’INDICATIF... CONDITIONNEL PASSE

« Et puis, même si je te l’avais dit, tu aurais pensé que j’étais un gosse ». [10;182]

     La 1re et la 2e phrase type expriment des hypothèses relatives au présent et au futur, la 3e indique une hypothèse relative au passé. Il faut souligner que quand une seconde proposition subordonnée hypothétique est coordonnée à la première, elle peut être introduite par SI, mais généralement SI est remplacé par QUE et le verbe de la proposition est au subjonctif.

        Il s’agit d’une variante de la cause, par généralisation puisqu’elles indiquent que lorsque telle cause se produit, elle entraîne telle conséquence. Pareilles considérations varient nécessairement avec l’insertion du système conditionnel dans le temps ; aussi notre langue a-t-elle installé quatre options d’expression de la condition :

       - Celle-ci est posée sans considérer la probabilité de réalisation ou de non-réalisation : le système est alors amodal, neutre du point de vue des choix ou des préférences manifestées par le sujet parlant. Ce système s’écrit à l’indicatif et au perfectif et exptime exactement l’hypothèse logique.

         Il vaudrait mieux nommer l’ensemble des propositions de cette catégorie des conditionnelles et réserver le terme d’hypothèse ou d’hypothètique à celles qui sont amodales... On conserve en général un décalage chronologique entre les propositions, destiné à souligner le mécanisme causal, mais des variantes stylistiques sont possibles, qui tendent à réduire l’écart chronologique entre cause et conséquence, conditionnelle et principale (De même que l’inversion en principale / suborsonnée= conséquence/ cause obéit à des considérations logico-expressives.) : «  S’il fait beau, nous sortions », « S’il fait beau, sortez », « S’il fait beau, nous sortons », « Nous sortons s’il fait beau ».

       -La condition s’inscrit dans le temps et va impliquer le sujet parlant et se trouver modalisée, mais par recours aux fonctions modales de l’imperfectif.

        Le recours aux formes de laccompli inscrit la condition dans lantériorité  révolue. L’éventualité appliquée à l’accompli ne peut consister qu’en une complaisance à évoquer ce qui aurait pu être et qui na pas été : il sagit donc nécessairement et exclusivement de l’irréel du passé : « S’il avait fait beau, nous serions sortis ».

L’irréel du passée a partie liée avec la négation, comme le montre la variante :

 « S’il avait fait bea, nous ne serions pas restés ».

     L’iréel du passé signifie donc qu’il na pas fait beau et que nous sommes restés : il annule le contenu des propositions.

     Les formes verbales portueses de ces valeurs sont le plus-que-parfait de l’indicatif dans la donnée d’hypothèse et le conditionnel passé dans la résulante. Une variante intéressante est constituée par la possibilité d’employer, dans la subordonnée comme dans la principale, mais aussi dans l’une ou dans l’autre seulement, le plus-que-parfait du subjonctif : « S’il eût fait beau, nous ne fussions pas restés ».

     (La dénomination de conditionnel passé deuxième forme, parfois donnée au plus-que-parfait du subjonctif lorsqu´il figure dans la principale au lieu du conditionnel passé est donc aussi inutile qu´aberrante.)

     - Applique au présent, l´éventualité, de meme que précédemment, est interprétée nécessairement comme un iréel puisque le fait est en cours de réalisation et ne peut donc etre autre qu´il n´est :  l´événtualiser n´est qu´une manière d´évoquer ce qui pourrait être et qui n´est pas.

     Sa traduction modale à travers l´imperfectif implique un recours à l´imparfait et au conditionnel présent : « S´il faisait beau, nous sortirions ».

     Il faut prendre garde à certaines constructions qui peuvent apparemment se confondre avec un tel système et qui sont nées de la pluralité des fonctions exerçables par les formes de l´imperfectif. Si, dans un discours direct, on utilise l´expression de l´hypothèse logique : « Il affirma : « S´il fait beau, nous sortirons. »

et que l´on passe au discours indirect l´imparfait et le conditionnel présent de transposition vont apparaître au lieu du présent et du futur :

   « Il affirme  queil faisait beau ils sortiraient ».

ou par variante stylistique :

   « Il affirme queil faisait beau ils sortaient ».

Le résultat est évidemment le même dans le cas du discours indirect libre :

  «  Il était formel. S´il faisait beau ils sortaient ».

      Seule la temporalité passée permet de distinguer ce système de celui de l´irréel du présent.

     - Appliquée en revanche à l´avenir et au futur la condition est régardée comme potentielle, c´est-à-dire comme pouvant aussi bien se produire que ne pas se produire. Il n´existe pas de moyens simples et grammaticalisés en français de marquer l´iréel du futur, si bien que toute éventualité à venir est, quelles que soient sa logique propre et la vraisemblance générale, regardée comme réalisable.

     La difficulté augmente du fait que c´est le même système verbal que celui de l´iréel du présent qui est porteur des valeurs potentielles :

      « S´il faisait beau dans quinze jours, nous sortirons ».

      Faute d´indication chronologiques explicites, une même phrase est donc porteuse semultanément de valeur ambiguës aussi bien d´irréel du présent que de potentiel. De là, la prolifération de valeurs stylistiques et d´insinuations dans des phrases qui jouent sur le non-marquage : «  Ah ! si tu étais intelligent ! » [10;165] 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Chapitre 3. L’ANALYSE DES PROCEDES HYPOTHETIQUES AU PRESENT, A L’AVENIR ET AU PASSE.

    HYPOTHETIQUES RELATIVES AU PRESENT ET AU FUTUR. Historique.-

Le tour « si » + PRESENT DE L’INDICATIF... FUTUR DE L’INDICATIF apparaît très tôt dans la langue. Le tour « si » +  IMPARFAIT DE L’INDICATIF... CONDITIONNEL PRESENT apparaît assez tôt, mais il est resté en concurrence, jusqu’au XVl s., avec le tour « si » + IMPARFAIT DU SUBJONCTIF... IMPARFAIT DU SUBJONCTIF qui a fini par disparaître complètement.

    L’emploi alterné de l’un ou l’autre type montre que la pensée peut se placer à deux niveaux différents : l’opposition entre les deux tours peut être  de valeur logique, le futur présentant l’hypothèse comme réalisée, le conditionnel la présentant comme une simple vue de l’esprit. Cette disposition peut encore être d’ordre affectif, l’hypothèse étant formulée de façon plus neutre par le conditionnel, de façon plus présente, plus sentimentale par le futur, qui introduit une nuance de certitude ou d’espoir.  

    Le tour « si » + INDICATIF PRESENT... INDICATIF PRESENT, d’abord variante affective du tour avec le futur, donnant avec plus de certitude ou d’impatience le fait comme réalisé et présent, tend à concurrencer de plus en plus le premier tour dans la langue courante.

   Dans certains types de phrases, formellement semblables, l’indicatif présent a une valeur différente. « Si Dieu existe, tout dépend de lui et nous ne pouvons rien contre sa volonté. S’il nexiste pas, tout dépend de nous ». [10;161]

   Il s’agit dhypothèse que l’on pourrait appeler intemporelles, parce qu’elles n’engagent aucun moment particulier de la durée. Leur emploi est fréquent chez les philosophes et les moralistes.

     HYPOTHETIQUES RELARIVES AU PASSE. Historique. - Le type « si » + PLUS-QUE-PARFAIT DE L’INDICATIF... CONDITIONNEL PASSE ne s’est affirmé comme dominant qu’assez tard, surtout dans la langue littétaire. Jusqu’au XVllle s. est resté très vivant l’ancien type « si » +  PLUS-QUE-PARFAIT DU SUBJONCTIF... PLUS-QUE-PARFAIT DU SUBJONCTIF, remplaçant lui-même l’ancien « se » + IMPARFAIT DU SUBJONCTIF... IMPARFAIT DU SUBJONCTIF.

   De nos jours, ce type est le seul vivant. On trouve certes des emplois assez nombreux du tour avec le plus-que-parfait du subjonctif, mais ils témoignent toujours d’une recherche de style. L’emploi des types mixtes (plus-que-parfait du subjonctif dans un seul élément) fait aussi partie d’une syntaxe soucieuse d’élégance. C’est encore à un niveau assez élevé de la langue qu’on trouve la variante : « QUAND » + CONDITIONNEL... CONDITIONNEL.

      La tournure « QUI » + CONDITIONNEL... CONDITIONNEL est très ancienne. Dans ce tour, QUI tout en restant un relatif, apparaît pour le sens comme l’équivalent de SI ON : « Bonne chass, dit- il, qui l’aurait à son croc ». []

     Une variante stylistique de la phrase très vivante dans la langue est celle qui remplace le conditionnel de la principale par un imparfait de l’indicatif. Cet imparfait marquant l’immenence de la réalisation, rend plus dramatique l’idée de la conséquence de l’hypothèse, en l’insérant dans la réalité ; l’effet est encore plus vif quand l’imparfait de l’indicatif est introduit aussi dans la subordonnée, à la place du plus-que-parfait. « Si ce n’était pas vous, c’était moi qui y passais » [10;187].

    L’imparfait de l’indicatif, de par sa valeur, peut prendre un sens hypothétique, même en proposition indépendante. On s’explique ainsi qu’il ait pu facilement remplacer un conditionnel. 
 
 
 
 
 
 

Chapitre 4. AUTRES PROCEDES POUR EXPRIMER LA CONDITION ET L’HYPOTHESE.

      4.1. Locutions conjonctives.

      La conjonction est proche de l’adverbe et de la préposition. Les mots coordonnants et les mots subordonnants sont invariables ; les conjonctions appartiennent aux parties de langue invariables.

       Lorsqu'une phrase contient au moins une subordonnée non elliptique, donc deux verbes, il existe un rapport entre les temps et les modes des verbes (voir aussi concordance des temps, "que", indicatif ou subjonctif).

     Les modes ( conditionnel, indicatif, subjonctif) dépendent très souvent du sens du verbe de la principale (parfois des noms, des adjectifs ou expressions). Le verbe de la subordonnée dépend aussi fréquemment de la conjonction qui l'introduit.

       On classe les propositions subordonnées d'après les fonctions qu'elles remplissent dans la phrase. [17 ;200]

On distingue ainsi des subordonnées : sujet, attribut, en apposition, COD, COI, compléments circonstanciels, compléments d'agent, complément de nom ou de pronom, compléments d'adjectifs. Voir, pour les subordonnées sujet, COD, COI, "que", indicatif ou subjonctif.

  1. au subjonctif

      que, à condiotion que, pourvu que, en admettant que. pour autant que, pour peu que, si tant est que, soit que....soit que, à moins que (+ ne explétif), à supposer que, supposé que, en supposant que, etc.

Ex. : « A condition que vous partiez avant la nuit vous naurez pas à craindre le verglas sur la route ». [10 ;188]. « Si tant est qu’il revienne sur sa parole, ne croyez pas en ses promesses. » [10;190].« A supposer que Louis XVI n’ait pas été arrêté à Varennes, l’histoire de la Révolution aurait peut-être pris un autre cours ».

On trouve également en cas que, au cas que( tournurés vieillies) ; et, dans la langue populaire, une supposition que, des fois que, et même un coup que.     

  1. à l’indicatif ( suivant que, selon que, ou que...).

Ex. «Selon que je serai la » [10;181]

LOCUTIONS CONJONCTIVES + CONDITIONNEL

Le conditionnel après: au cas où, dans le cas où, pour le cas où, dans l’hypothèse où, quand bien même.

a - Au cas où, dans le cas où ont la même valeur que si suivi de limparfait de lindicatif:  «Au cas où je souhaiterais apprendre le piano, y aurait-il une place pour moi au Conservatoire municipal ? » [10;176]

bQuand, quand bien même, quand même ajoutent à l´hypothèse une idée d´opposition et ont la même valeur que même si: « Quand bien même les courts de tennis restraient ouverts jour et nuit, il y aurait trop d´amateurs ». [10;177] 
 

4.2. Les propositions indépendantes

    1. avec inversion du sujet :

Ex. : «Survienne le moindre obstacle il jette tout de suite le manche après la cognée. » [10;140]

   2. à l’impératif :

Ex.:  « Taisez vous il vous le reprochera. Ne vous taisez pas il vous le reprochera encore. » [10;170]

Des cas particuliers de l’expression de la condition et de l’hypothèse dans le roman d’Albert Camus