Motivation morphologique

Motivation morphologique. Les mots à structure morphologique apparente sont motivés morphologiquement. Ce sont les mots dérivés et composés dont la forme interne est transparente et facilement perceptible. Le mot voyageur est motivé, car il se compose du mot-racine voyage et du suffixe –eur à l’aide duquel se forment des noms d’agent. De même élevage est composé de élever et le suffixe –age. Ajoutons encore adoration, ameublement, coudoyer, égaliser, exclusion, impunément, précisément, rougeâtre, soluble etc. Voilà quelques exemples de dérivés préfixaux dans lesquels la motivation morphologique est clairement visible : antinational, coprésident, hypertension, inégale, mécontent, souligner, surcharge etc. La structure des mots composés est aussi transparente que celle des dérivés, et la motivation morphologique est évidente : brise-glace, chasse-neige, chou-fleur, clairsemé, électrochimie, nouveau-né, porte-avions, portefeuille, sourd-muet etc.

Il faut remarquer que la motivation morphologique n’est pas toujours absolue. Parfois elle est relative ou entièrement effacée sur le plan synchronique. Le sens étymologique des composants ayant subi avec le temps des changements, il en résulte la démotivation du mot dont le sens actuel ne s’explique plus à partir de ces parties composantes. On est en présence d’un décalage entre l’étymologie et la signification courante du mot. Le composé beaucoup n’est plus perçu par les locuteurs comme l’union de beau et coup. De même embonpoint (état d’un corps bien en chair, un peu gras) vient de en bon point dont le sens étymologique est « en bonne santé, en bon état, de bonne apparence physique ».

Ajoutons que ce ne sont pas tous les mots dérivés ou composés qui sont morphologiquement motivés. Souvent le sens actuel du mot ne se déduit pas de ses éléments composants, c'est-à-dire il n’est pas transparent. Bien que le morphème racine soit le même dans les séries des dérivés suivants, on ne trouve pas d’affinités sémantiques entre eux : prendre, apprendre, comprendre, entreprendre, surprendre ; mettre, commettre, démettre, permettre, promettre etc. De même, le sens de chacun des composés tels que basse-cour (cour, bâtiment d’une ferme où l’on élève la volaille et les lapins), chienlit (désordre, pagaille, confusion), coq-à-l’âne (passage sans transition et sans motif d’un sujet à un autre), surhomme (être humain pourvu de dons intellectuels ou physique exceptionnels) etc. ne reflète pas l’ensemble des acceptions des mots-racines à partir desquels le mot est formé. Donc, on est en présence du processus de démotivation, de décalage entre le sens étymologique des éléments composants et le sens réel du mot dans l’époque actuelle dû à l’oubli de la signification primitive du morphème ou à son emploi métaphorique.

Il ne faut pas oublier que le sentiment étymologique des sujets parlants n’est pas le même. Il varie selon les connaissances linguistiques et la réaction des usagers de la langue.

 

Donc, la motivation est un phénomène intralinguistique qui repose sur .les associations formelles et sémantiques que le mot évoque. Toutefois la motivation phonétique ou naturelle est extralinguistique1.

Il est à remarquer que la motivation d'un mot n'est pas absolue. Il est difficile de dire pourquoi coupe-gorge sert à nommer un lieu, un passage dangereux, fréquenté par des malfaiteurs et non point, par exemple, un instrument de supplice (cf. : coupe-légumes, coupe-papier, coupe-racines). II n'y a pas de raisons logiques valables à ce que le mot laitière désigne « une femme qui vend du lait », et non pas « un pot à lait » par analogie avec théière, cafetière. Il serait plus juste de dire que les vocables sont relativement motivés. La relativité de la motivation peut induire en erreur au cas où la signification du vocable n'est pas présente à l'esprit de l'usager.

Tout vocable motivé ne le sera que relativement du fait qu'à partir de ses éléments constituants et des liens associatifs entre ses diverses acceptions on ne peut jamais prévoir avec exactitude ses sens réels.

En principe tout mot est motivé à  l'origine. Avec le temps la forme interne des vocables peut ne plus se faire sentir, ce qui conduite leur démotivation. Cet effacement du sens étymologique s'effectue lentement, au cours de longs siècles. C'est pourquoi à chaque étape de son développement la langue possède de ces cas intermédiaires, témoignages du développement graduel de la langue. En effet, les mots sont parfois motivés uniquement par un des éléments de leur structure formelle. C'est ainsi que la signification actuelle des mots malheur et bonheur ne peut être que partiellement expliquée par leur premier élément mal- et bon-, heur < lat. pop. « augurium » - « présage, chance » ayant pratiquement disparu de l'usage. On doit considérer ces mots comme étant partiellement motivés. Donc, les vocables peuvent se distinguer par le degré de leur motivation.

 

 

 

Motivation sémantique. La motivation sémantique est le résultat d’un emploi figuré du sens propre du mot. En ce cas-là nous dirons que le mot est sémantiquement motivé dans son sens dérivé. C’est une transposition instantanée. On perçoit une similitude, un trait de ressemblance, ou on évoque un rapport quelconque, et la transposition s’effectue spontanément : une feuille d’arbre et une feuille de papier, la racine d’un arbre et la racine du mal, un homme sourd et une sourde irritation, etc.

Les noms de certains animaux en sont aussi la preuve, quand on les emploie par une sorte d’analogie qui existe entre l’animal et l’homme. Un individu à  l’esprit borné, incapable de rien comprendre est appelé âne, un homme rusé est un renard, une personne cruelle, impitoyable est un tigre etc. Dans ces exemples c’est l’emploi métaphorique qui fournit le lien sémantique.

Quand on dit « Au musée nous avons admiré un magnifique Renoir » ou « Il joue du Chopin », c’est déjà l’emploi métonymique qui crée le rapport.

Grâce à ces emplois métaphoriques et métonymiques les mots cités ci-dessus deviennent sémantiquement motivés

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Dir\indir

 

En liaison avec le sens étymologique des mots se trouve la question des mots motivés et immotivés sans qu'il y ait de parallélisme absolu entre ces deux phénomènes.

Nous assistons souvent à la confusion du sens étymologique d'un mot et de sa motivation. Toutefois le sens étymologique appartient à l'histoire du mot, alors que la motivation en reflète l'aspect à une époque donnée.

 

Tous les mots d'une langue ont forcément un sens étymologique, explicite ou implicite, alors que beaucoup d'entre eux ne sont point motivés. Tels sont chaise, table, sieste, fortune, manger, etc. Par contre, nous aurons des mots motivés dansjournaliste, couturière, alunir, porte-clé, laisser-passer dont le sens réel émane du sens des éléments composants combinés d'après un modèle déterminé. La motivation de ces mots découle de leur structure formelle et elle est conforme à leur sens étymologique. Il en est autrement pour vilenie dont la motivation actuelle est en contradiction avec le sens étymologique puisque ce mot s'associe non plus à vilain, comme à l'origine, mais à vi/et veut dire « action vile et basse ». On dit d'un mot motivé qu'il possède « une forme interne »*. Pour les mots à structure morphologique (formative) complexe on distingue la motivation directe et indirecte. On assiste à la motivation directe lorsque l'élément (ou les éléments) de base du mot motivé possède une existence indépendante. Dans le cas contraire il y aura motivation indirecte. Ainsi journaliste formé à partir de journal ou lèche-vitrine tiré de lécher et vitrine seront motivés directement. Par contre, oculiste et aquatique le seront indirectement du fait que ocul- et aqua- n'existent pas sous forme de mots indépendants.

 

Tous les mots d'une langue ont forcément un sens étymologique, explicite ou implicite, alors que beaucoup d'entre eux ne sont point motivés. Tels sont chaise, table, sieste, fortune, manger, etc. Par contre, nous aurons des mots motivés dansjournaliste, couturière, alunir, porte-clé, laisser-passer dont le sens réel émane du sens des éléments composants combinés d'après un modèle déterminé. La motivation de ces mots découle de leur structure formelle et elle est conforme à leur sens étymologique. Il en est autrement pour vilenie dont la motivation actuelle est en contradiction avec le sens étymologique puisque ce mot s'associe non plus à vilain, comme à l'origine, mais à vi/et veut dire « action vile et basse ». On dit d'un mot motivé qu'il possède « une forme interne »*. Pour les mots à structure morphologique (formative) complexe on distingue la motivation directe et indirecte. On assiste à la motivation directe lorsque l'élément (ou les éléments) de base du mot motivé possède une existence indépendante. Dans le cas contraire il y aura motivation indirecte. Ainsi journaliste formé à partir de journal ou lèche-vitrine tiré de lécher et vitrine seront motivés directement. Par contre, oculiste et aquatique le seront indirectement du fait que ocul- et aqua- n'existent pas sous forme de mots indépendants.

Il est à noter que la structure formelle motive généralement un mot dans son sens propre. Quant aux acceptions dérivées, elles ne sont pas nécessairement rattachées au sens des éléments formant le mot. Le sens de lacet dans lacet pour chaussures s'associe au verbe lacer, mais il n'en sera rien dans route en lacet. Le mot gouttière qui dans la terminologie chirurgicale sert à dénommer un appareil soutenant un membre malade n'a rien à voir avec goutte (cf. : gouttière dans chat de gouttière).

Un mot peut donc être motivé non seulement par le lien sémantique existant entre ses parties constituantes, mais aussi par l'association qui s'établit entre ses diverses acceptions. Le mot chenille pris au sens dérivé dans chenille d'un tout-terrain est motivé grâce au lien métaphorique qui l'unit à son sens propre. Nous dirons que ce mot sera sémantiquement motivé dans son sens dérivé. Nous sommes alors en présence d'une motivation sémantique.


Motivation morphologique